Quelle rentabilité pour un projet agrivoltaïque ?

L’agrivoltaïsme s’impose comme une solution d’avenir, conciliant production agricole et production d’énergie solaire. Avec le décret du 8 avril 2024, appliquant la loi APER (Accélération de la Production d’Énergies Renouvelables), un cadre juridique précis a été instauré pour encadrer cette pratique en France. Aujourd’hui, ce type de projet émerge comme une solution à la croisée de deux enjeux majeurs : la transition énergétique et la résilience agricole. Quelle rentabilité peut-on réellement espérer d’un projet agrivoltaïque ? 

L’agrivoltaïsme repose sur un modèle hybride combinant les revenus de la production agricole et ceux issus de la vente d’électricité. Les panneaux photovoltaïques génèrent de l’électricité dont la vente est sécurisée par des tarifs d’achat garantis (PPA – Power Purchase Agreement) sur les 15 – 20 premières années de vie d’une centrale photovoltaïque. Pour un projet standard mis en service début 2026, ces tarifs se situent actuellement entre 63 et 70 €/MWh*. En parallèle, l’exploitant agricole peut bénéficier d’une hausse des rendements sous certaines conditions. Lorsque les cultures sont optimisées, les panneaux solaires peuvent améliorer leur productivité. C’est notamment le cas des vignes et de certaines céréales (blé, orge…), qui profitent d’une protection contre la sécheresse et d’une meilleure gestion de l’eau. 

Dans le cadre des projets agrivoltaïques appliqués au pâturage, deux modèles principaux se distinguent : l’élevage ovin et l’élevage bovin. Aujourd’hui, les projets ovins sont les plus répandus en raison d’un investissement initial plus faible, notamment grâce à un coût d’élévation des panneaux inférieur à celui des projets bovins et à l’utilisation de structures plus légères. En moyenne, les projets ovins présentent un CAPEX d’environ 850 k€/MW, soit un investissement initial 9 % inférieur à celui d’un projet bovin. De plus, les moutons pâturent entre les panneaux, contribuant ainsi à l’entretien naturel des parcelles. L’ombrage léger favorise par ailleurs la croissance de l’herbe, qui est ensuite consommée par les animaux. 

Les modélisations financières effectuées par Greensolver démontrent qu’un investisseur peut espérer un TRI moyen compris entre 7 et 12 % pour un projet ovin, contre 6 à 10 % pour un projet en culture et 6 à 9 % pour un projet bovin. En moyenne, Greensolver estime que le TRI attendu pour un investisseur se situe autour de 8,5 %. En France, les projets solaires classiques se raréfient progressivement, tandis que les projets agrivoltaïques prennent de l’ampleur, intégrant désormais pleinement la dynamique du marché énergétique et agricole.  

Toutefois, les projets agrivoltaïques en France doivent encore relever plusieurs défis. L’un des enjeux majeurs reste la question de la co-responsabilité entre les agriculteurs et les énergéticiens. Le statut de fermage, qui garantit à l’exploitant agricole la liberté de gestion de son terrain, peut parfois entrer en conflit avec les obligations des producteurs d’énergie, qui doivent sécuriser leur investissement et assurer la maîtrise du foncier dès le lancement du projet. Cette articulation entre les intérêts agricoles et énergétiques nécessite encore des ajustements réglementaires et contractuels. 

Bien que le secteur soit en pleine structuration, la France affiche des ambitions claires en matière de développement solaire. D’ici 2045, l’objectif est d’atteindre une capacité installée de 75 à 100 GW de photovoltaïque. Aux côtés de l’Allemagne, la France figure parmi les pays les plus avancés dans l’intégration de l’agrivoltaïsme comme levier de transition énergétique et de résilience agricole. 

Les équipes de Greensolver vous accompagnent dans la définition et le développement de votre projet agrivoltaïque, de l’étude de marché à la gestion de votre actif, en tenant compte des évolutions réglementaires et des défis du secteur. 

*(pour plus d’informations, contacter l’équipe GRS)

Ecrit par Antra Ramboarison