Un récent sondage (BVA pour ORANO) donne des résultats surprenants : 69 % des Français considèrent que le nucléaire contribue au dérèglement climatique.
Le nucléaire présente beaucoup d’inconvénients, mais ce n’est certes pas sur le motif de ses émissions de gaz à effet de serre que l’on peut être amené à le rejeter.
Cette perception largement erronée de l’incidence du nucléaire sur le changement climatique nous a conduit à faire un point sur le contenu carbone du kWh électrique produit, en fonction de son mode de production.
Ce calcul est complexe, puisqu’il tient compte des émissions lors de la construction de l’outil de production, de celles réalisées par l’exploitation et la maintenance, et enfin de celles correspondant au démantèlement. Bien évidemment, le calcul fait intervenir une hypothèse sur la durée de vie de l’équipement, et les résultats sont différents selon les zones géographiques, en particulier pour le solaire, l’éolien et la biomasse. En se positionnant au niveau de la production, on évite néanmoins le débat sans fin, obligatoire au niveau de la consommation, sur les différences de mix énergétique selon les heures, les jours, les saisons de ladite consommation.
Plusieurs organismes dont le GIEC et l’ADEME se sont penchés sur la question, et arrivent à des résultats différents (en particulier du fait d’hypothèses différentes sur les durées de vie des équipements), mais les conclusions sont néanmoins très claires :
L’éolien, l’hydro et le nucléaire, sont nettement les meilleurs élèves de la classe, avec des émissions de l’ordre de 15 à 20g de CO2 par kWh produit, et ces émissions sont 100% indirectes.
Viennent ensuite le photovoltaïque et la géothermie, dans une fourchette de 40 à 70g, là encore 100% indirects.
Le cas de la biomasse est particulier : si l’on ne compte pas le CO2 issu de la combustion (puisqu’il s’agit de renouvelable), on trouve 75 à 200g (équipement et chaine logistique du combustible). Bien évidemment, si on comptait le CO2 issu de la combustion, on atteindrait un niveau d’émission de l’ordre de celui du charbon. Mais la combustion de la biomasse l’empêche de se décomposer au sol, ce qui engendrerait de nouvelles émissions de gaz à effet de serre….
Enfin, les énergies fossiles, sans surprise, portent le bonnet d’âne, avec 400 à 500g pour le gaz naturel, et 800 à 1000g pour le charbon.
Il est important de remettre les pendules à l’heure et que chacun ait en tête la réalité de ce qui est bon ou mauvais pour le climat.
JF Vaury